Allocutions et témoignages des étudiant·e·s

Pour en savoir plus sur l’expérience des étudiants et des étudiantes, lisez leurs témoignages et les discours prononcés lors des événements du Prix.

Témoignage des 41 étudiants de l’Outaouais au Goncourt des lycéens 2018

Lettre de Frédéric Morin au comité organisateur du PLC

Gatineau, le 25 novembre 2018

Au comité organisateur du Prix littéraire des collégiens

Bonjour,

J’aimerais d’abord témoigner de la grande chance que vous nous avez offerte de participer à l’édition 2018 du Prix Goncourt des Lycéens. Le partenariat que vous avez établi entre Le Prix littéraire des collégiens et le Goncourt nous a fait vivre, à mes quarante et un étudiants et moi, une immersion mémorable dans la littérature contemporaine française et, plus encore, une session de rêve dont nous nous rappellerons toute notre vie.

En prenant part à ce projet grâce à votre initiative, nous avons pu nous lancer dans cette folle aventure qu’est ce marathon de lecture. Lire les quinze romans en lice, choisis par l’Académie Goncourt, en moins de deux mois, en débattre en classe avec des jeunes qui apprennent peu à peu à articuler une pensée claire, à apprivoiser la posture d’un critique, à mesurer la responsabilité d’être membres d’un jury, tout ça fut en soi riche en enseignements, autant pour eux que pour moi.

Point culminant de l’aventure, le voyage à Paris et à Rennes, toujours avec les quarante et un étudiants, fut aussi riche et marquant. Pour la plupart, ce fut une première expérience en Europe, et ils ont eu l’occasion de visiter ces deux magnifiques villes, d’assister à une représentation de la Comédie française, de vivre plusieurs chocs de culture. Mais, parmi toutes ces expériences, je suis convaincu que leur engouement et leur implication pour soutenir leur digne représentante, Gabrielle Wester, en vue des délibérations régionales (à Paris) et finales (à Rennes) les ont surpris eux-mêmes, portés par un élan si beau à voir. Certains étudiants ont aussi eu l’occasion de présenter les romans du Prix littéraire des collégiens à la Sorbonne Nouvelle et au Lycée Victor-Hugo, dans le but de consolider cette idée d’échange culturel. Nos cégepiens ont pu de cette manière rencontrer des Lycéens qui ont vécu ce même marathon de lecture et discuter avec eux de leur culture respective, de leur système d’éducation, de leurs valeurs communes.

Je termine cette lettre de remerciement simplement en partageant avec vous les témoignages de David Diop, gagnant du Prix Goncourt des Lycéens, avec son roman Frère d’âme, et ceux d’Emmanuel Macron, que nous avons eu la chance de rencontrer à l’Élysée pour souligner les 30 ans du Goncourt des Lycéens. Le premier, enseignant, nous a rappelé l’importance de créer des ponts entre les cultures et de favoriser des occasions de dépassement pour les étudiants. Le second nous a parlé avec conviction de l’importance qu’a la littérature dans sa vie qui, même remplie comme la sienne, n’aurait de sens véritable sans elle. Il me semble que cet échange extraordinaire entre le Prix Goncourt des Lycéens et le Prix littéraire des collégiens incarne de la plus belle manière leurs propos respectifs.

Merci de nous avoir convié à la plus belle des aventures littéraires qui soient.

Merci d’avoir choisi le Cégep de l’Outaouais pour l’édition 2018 du Prix Goncourt des Lycéens, et longue vie au Prix littéraire des collégiens.
Frédéric Morin
Enseignant, département de français
Cégep de l’Outaouais

Original de la lettre avec affiche du Prix Goncourt des lycéens

Allocutions lors de la remise du prix 2018

Royal : Kaïlane Cook, du Cégep de Granby-Haute-Yamaska


Si vous êtes ici, c’est que vous faites partie de l’élite littéraire. //

« Fif péquiste » / « Carabin » / « provinciale sportive » / « douchebag ». Ce sont tous des surnoms de personnages qui choquent, autant que la réalité que nous présente Jean-Philippe Baril Guérard : celle d’un étudiant en droit de l’Université de Montréal, pour qui tous les moyens sont bons afin d’atteindre son but : écraser la compétition. Actuel, marqué par un cynisme coloré, saisissant, ce roman auquel nous pouvons nous identifier et qui nous amène à réfléchir sur le sens même de la vie est tout simplement Royal.


De bois debout : Laura Doyle Péan, du Cégep Limoilou


Véritable hommage au pouvoir de la lecture, à la littérature et à la nature québécoise, De bois debout de Jean-François Caron raconte l’histoire d’Alexandre, endeuillé par la mort de son père, alors qu’il part sur les traces de son héritage. Ce récit nous berce autant par ses mélodies que sa délicatesse et sa subtilité. Mélangeant à la fois les genres romanesque, poétique et théâtral, ce livre nous ouvre à la réalité d’un petit village et aux personnages meurtris et complexes qui l’habitent : Pauline, Marie-Soleil, mais aussi l’Ours et Tison… Par son univers clos, extrêmement bien développé, on gagne à lire et à relire De bois debout pour apprécier toute la force des voix et des silences qui y retentissent.

Au grand soleil cachez vos filles : Alexandra Fournier, du Cégep Beauce-Appalaches


Au grand soleil cachez vos filles d’Abla Farhoud raconte le retour de la famille Abdelnour dans son pays natal après quelques années passées au Québec. Sous la plume poétique de l’auteure, la chaleur et la culture exotique paraissent, au premier abord, invitantes. Toutefois, après quelques mois, certains membres de la fratrie éprouvent plus de difficulté à s’adapter aux mœurs du Liban, qui les a pourtant vus naître. Les Abdelnour subissent donc plusieurs tensions sociales, familiales et émotionnelles.
Ce récit polyphonique dresse un portrait intimiste en donnant la parole à plusieurs personnages. Cette habile narration reflète le bagage théâtral d’Abla Farhoud, dont l’écriture riche éveille les sens et donne un accès privilégié à sa sagesse. Cette autofiction revêt un titre porteur d’une mise en garde : au grand soleil, dit-on, cachez vos filles, de la chaleur à la fois envoûtante et étouffante du Liban… mais, surtout, prenez garde à ne pas les étouffer.

Le plongeur : William Courchesne, du Cégep régional de Lanaudière à Terrebonne


Fosse, gouffre, abîme. La vie du plongeur devient sinistre alors qu’il se fait, peu à peu, engloutir par le jeu. Tel un paquebot courant à sa perdition, le jeune narrateur, en détresse existentielle, cherche désespérément une bouée de sauvetage qui lui permettra de tenir le coup, qui lui permettra d’émerger des eaux troubles dans lesquelles il baigne. La cuisine de la Trattoria s’impose comme étant la dernière digue avant le sinistre inexorable. Dans Le plongeur de Stéphane Larue, le lecteur est immergé dans une histoire troublante de réalisme où la volonté vacille et où la guérison n’est qu’hypothétique. À travers les yeux du protagoniste à la dérive, on se sentira tiraillés entre l’oppression des « shifts » au resto et l’appel maladif du jeu. Le chaos des cuisines et les personnages hauts en couleur qui s’y trouvent seront-ils suffisants pour éviter le naufrage?

Le corps des bêtes : Alicia Lafortune, du Collège Montmorency


Celui qui se lance dans la lecture du Corps des bêtes exécute un plongeon mains jointes et bras tendus. Une brève seconde, du bout de ses majeurs, il caresse la surface miroir qui se fracasse au moment de l’impact et il s’immerge dans une étendue étrangère. Englouti dans un espace fragmenté où la linéarité du temps n’est plus, il ne lui reste qu’à se laisser porter par la langue d’Audrée Wilhelmy, douce berceuse enivrante à laquelle on ne peut s’arracher qu’à contrecœur. Le corps des bêtes est un récit qui se lit sans les yeux, le goût du sel marin en papille, l’odeur de la peau au fond de la gorge, le crépitement du sable entre les doigts et les chants de Noé en écho. La plage de Sitjaq est un territoire reclus où le corps de la jeune Mie se découvre à travers celui des créatures. Il s’y déploie une guerre portée par la souffrance silencieuse de Noé, une mère nomade encagée que seul l’amour sage d’une enfant permettra d’affranchir. Audrée Wilhelmy offre au lecteur une œuvre qui s’enracine en celui qui, le temps d’un instant, se permet d’oublier le confort traditionnel de l’ordre pour se laisser aller en une écriture qui raconte l’une de ces histoires à laquelle il est certain de n’avoir jamais fait face, l’une de ces histoires qui donne simplement envie de ne jamais remonter à la surface.

Présentation du lauréat : Coralie Brice, du Collège Laflèche, et Alexandre Brat, du Collège international Marie-de-France.


A. Bonjour, Coralie!

C. Bonjour, Alexandre!

A. Bonjour à tous!

C. Alexandre, c’est ta première fois parmi nous.

A. Et toi Coralie, c’est assurément la dernière…

C. Non mais attendez, c’est parce que je vais à l’Université l’année prochaine, moi!

A. EN DROIT ??

C. Non, mais ça va pas? Avant de commencer, nous souhaitons remercier les auteurs pour ces ouvrages qui nous ont fait réfléchir, voyager…lire quoi!

A. LIRE ?! C’est un peu court… Mais bon, c’est vrai! Nous voulons aussi remercier les organisateurs pour nous avoir permis de nous réunir ici depuis les quatre coins du Québec en incluant le lycée Rémi-Belleau en France et le lycée de Chicago pour débattre et échanger.

C. Et à nos professeurs qui nous ont accompagnés et guidés jusqu’ici.

A. Tu n’oublies pas quelqu’un?

C. Euh…Tu as raison! N’oublions pas nos camarades qui se sont lancés corps et âme dans cette discussion endiablée. Merci à tous.

A. Avant de donner les résultats, nous tenons à préciser que TOUS les livres ont été chéris, adorés et adulés par les étudiants durant cette année.

C. On pourrait même dire que certains ne les ont pas lâchés pendant des mois.

A. Les délibérations nous ont déchiqueté le cœur, ce ne fut pas un choix facile.

C. Pour commencer…

A. On a le droit de dire « commencer » après tout ce temps?

C. Alexandre, mon ami, « tu te tais et tu apprends ». Comme je disais, le lauréat est un livre qui CHOQUE par des propos bruts, obscènes, osés mais surtout…

A. …Réalistes. Il dépeint une société contemporaine, il décrit avec acuité les rapports interpersonnels.

C. Ce récit initiatique met de l’avant une dimension biographique.

A. En plus de ça, ce livre se déroule à Montréal, une ville aux saveurs et couleurs qu’on aime côtoyer.

C. Nous parlons d’un livre qui nous stresse quand on le lit.

A. De la descente aux enfers d’un personnage en crise.

C. Nous désignons le livre d’un bleu tout simplement ROYAL.

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