« La peur de perdre cet enfant me hantait. C’était une peur de moi-même, de mon manque de mérite en tant que mère, du manque d’instinct maternel en moi, je suppose, qui, ordinairement, tire les parents par les cheveux et leur fait jouer ce rôle jusqu’au bout, jusqu’à ce qu’ils n’en puissent plus, jusqu’à leur
mort. »
Une femme trouve un enfant sur le pas de sa porte. Recroquevillé, muet. Elle décide de l’adopter et se retrouve soudain investie du rôle de mère. Son mari, ses voisins, ses amis ne la considèrent plus de la même façon. Elle, la première, se sent menacée au plus profond de son être. Ne doit-elle pas désormais consacrer sa vie à combler les besoins de sa progéniture ? N’est-elle pas tout à coup engagée dans une vaste entreprise, sa descendance, qui s’étendra bien au-delà de sa mort, de celle de son fils, mais qui ne peut que provoquer son propre anéantissement ?
Ne se trouve-t-elle pas condamnée, comme la femelle du ver à soie, à mourir, épuisée, après avoir assuré la survie de l’espèce ?