Shams, adolescent rescapé de la guerre en Syrie, vit son premier hiver à Montréal. Après s’être violemment battu à l’école, il consent à suivre une psychothérapie. Il se lie d’amitié avec Kevin. Avides de drogue, de sexe et de musique, ils sillonnent ensemble les rues enneigées de la ville. Tireur embusqué raconte cette jeunesse en quête d’affirmation.
Après quelques échanges – pour lui expliquer mon fort accent avec mes r roulés – je lui balance que ma mère est Française, que mon père a fait ses études à Paris et que j’ai fréquenté le lycée d’Alep. Ménard tire un stylo de son veston, s’empare d’un document broché sur le coin de son bureau et d’un cale-pin pour servir de support. Il me demande si je sais pourquoi je suis ici.
— Parce que je me suis battu.
— Tu te bats souvent ?
Je m’esclaffe.
— Dans mon pays, celui qui refuse de se battre ne survit pas.
Fait historique méconnu : en mars 1933, Nikita Zynchuck, immigrant et chômeur, est abattu d’une balle dans le dos par un policier.
Le récit de cet événement et des jours qui l’ont suivi nous entraîne dans le Montréal cosmopolite d’alors, marqué par la Crise, la misère, les tensions entre les religions et entre les cultures, sans oublier les poussées insurrectionnelles des communistes.
Roman social, Le Mammouth tire de l’oubli un quidam qui, en déclenchant malgré lui une émeute, est passé bien près de devenir le porte-étendard d’une révolution autrement moins tranquille que celle que le Québec a connue.
Il y avait l’idée qu’avec le prochain amoureux viendrait le prochain livre. Portée par un jeu d’écriture performative et de provocation du réel, Sophie Létourneau s’engage sur le chemin d’un harponnage amoureux à partir des instructions qu’une cartomancienne lui a fournies. Mêlant ses pas à ceux de Sophie Calle, dans la marche vers une sublimation volontaire de la vie qui la mènera jusqu’à Tokyo en passant par Paris, elle découvre les traits de l’homme de sa vie et cherche à prouver la force d’enchantement de la littérature. Enquête sur l’amour et sur l’avenir, Chasse à l’homme est un récit sérieusement magique qui embrasse les filles, leur désir d’être aimées et de devenir, à défaut d’un grand homme, une écrivaine.
Le réel est un gibier qui charge plutôt que de se laisser capturer.
Marie a trente-trois ans et enseigne la littérature dans un collège. Contrainte de prendre un congé de maladie pour la deuxième fois, elle ne peut plus se réfugier dans la seule explication de l’épuisement professionnel. Est-il possible qu’elle pleure et tremble pour rien, pour quelque chose qui vient de plus loin qu’elle ? Est-il possible qu’elle se soit trompée de destin ? À l’âge de quinze ans, inspirée par sa grand-mère institutrice, n’avait-elle pas créé une petite école d’été dans laquelle les enfants passaient sans le savoir du jeu à l’étude ? N’avait-elle pas toute sa vie cru à la littérature, au pouvoir d’être autre ? Force lui est de constater qu’elle n’est pas devenue l’enseignante qu’elle rêvait d’être, que le plus souvent elle croit ennuyer ses élèves en lisant ses notes par crainte de trahir les œuvres qui la nourrissent mais dont plus personne ne parle. Elle se demande si la littérature n’est pas ce qui l’a détournée du monde, éloignée de ses contemporains, empêchée d’avoir un enfant.
Marie se livre à un examen sévère de son existence, refuse de prendre les médicaments qu’on lui prescrit, demande à l’homme qu’elle aime de la laisser seule le temps qu’elle s’en sorte. Tous ses courageux efforts vont échouer, mais ce sont ces échecs qui précisément vont la mettre sur la voie d’une certaine réconciliation avec elle-même, en l’obligeant à admettre ses limites, comme sa grand-mère et ses écrivaines, qui ont trouvé dans leurs propres faiblesses le passage vers la lumière du dehors.
Un matin de septembre 1890, un géomètre belge, mandaté par son Roi pour démanteler l’Afrique, quitte Léopoldville vers le Nord. Avec l’autorité des étoiles et quelques instruments savants, Pierre Claes a pour mission de matérialiser, à même les terres sauvages, le tracé exact de ce que l’Europe nomme alors le « progrès ». À bord du Fleur de Bruges, glissant sur le fleuve Congo, l’accompagnent des travailleurs bantous et Xi Xiao, un maître tatoueur chinois, bourreau spécialisé dans l’art de la découpe humaine. Celui-ci décèle l’avenir en toute chose : Xi Xiao sait quelle œuvre d’abomination est la colonisation, et il sait qu’il aimera le géomètre d’amour. Ténèbre est l’histoire d’une mutilation.
Kawczak présente un incroyable roman d’aventure traversé d’érotisme, un opéra de désir et de douleur tout empreint de réalisme magique, qui du Nord de l’Europe au cœur de l’Afrique coule comme une larme de sang sur la face de l’Histoire.