L’une s’immobilise devant les fenêtres de sa maison en banlieue avec le poids de la mort au creux du ventre; l’autre cherche à traverser l’écran pour se transformer en image grâce à son avatar numérique, en quête d’absolu.
L’une a donné naissance à l’autre, qui tente maintenant de renaître à travers un corps virtuel, loin de la morosité du nid familial.
Récit d’une lumineuse lucidité propre à ouvrir les consciences et à faire vibrer les âmes, De synthèse met en lumière l’aboutissement d’une relation filiale du point de vue d’une femme-image renouant avec sa famille au moment où sa mère entre en phase terminale, au terme d’une longue période de dégénérescence. C’est une histoire de corps, de disparition, de reflets, de composition et de décomposition. C’est l’histoire d’une image à parfaire, par-delà le désastre de la chair.
Si, comme elle l’écrit, l’eau s’apprend par la soif et l’oiseau par la neige, alors Emily Dickinson, elle, s’apprend par la mer et par les villes.
Figure mythique des lettres américaines, celle que l’on surnommait « la dame en blanc » demeure encore aujourd’hui une énigme. Elle a toujours refusé de rendre sa poésie publique et a passé les dernières années de sa vie cloîtrée dans sa chambre ; on s’entend pourtant maintenant à voir en elle un des écrivains les plus importants du dix-neuvième siècle.
Les villes de papier explore son existence de l’intérieur, en mode mineur, à travers ses livres, son jardin et ses fantômes. Autour de moments de la vie d’Emily, Dominique Fortier trace un roman à la fois grave et cristallin, et nous offre une réflexion d’une profonde justesse sur les mondes qui nous construisent, sur les lieux que nous habitons et qui nous habitent aussi.
Les ouvriers et ouvrières de la scierie de Roberval sont en grève. Sous l’apparente cohésion de la lutte, on découvre rapidement les revendications plus personnelles de chacun. Ils partagent toutefois un même désir d’échapper à la misère et de se venger de leur boss, Brian Ferland. Alors que le conflit s’enlise, le lockout que décrète Ferland réveille en eux une rage enfouie. La folie s’empare des employé·e·s, qui rejoignent la ronde infernale du beau Querelle, héros de Jean Genet copié-collé dans ce décor québécois, élément de chaos, sable dans l’engrenage de la machine économique, hétérosexuelle et patriarcale. Tout est désormais permis. Ils cassent des bouteilles sur la plage, règlent leurs comptes à coups de batte de baseball. Et puis ils font pire, bien pire…
Entre récit illustré de photographies et biographie romancée, Créatures du hasard retrace le quotidien d’une enfant de neuf ans, quelque part dans les années quatre-vingt-dix, au coeur d’un quartier populaire d’Amérique du Sud. Les femmes de sa famille vivent en marge de la société. La petite les observe et veut prendre part à leurs activités : Léo, son arrière-grand-mère, joue à la loterie, sa grand-mère Régina mise à la roulette, alors que sa mère préfère les machines à sous de la taverne du coin.
La route est longue d’un sous-sol de Repentigny jusqu’à la planète Tatouine.
Surtout si l’on passe par le Super C, Central Park et le seizième étage du CHUM.
Mais, pour l’esprit obsessif, rêveur et décalé du narrateur, ces détours sont autant d’aventures salutaires.
Jean-Christophe Réhel explore dans ce roman hors norme, touchant et drôle les thèmes qui lui sont chers: la solitude, la fatigue et la maladie.