Où l’on raconte l’histoire d’une jeune fille qui désire repousser les limites de l’expérience humaine, d’un hacker qui veut optimiser la circulation mondiale des bananes et des coussins, d’une employée de la GRC qui rêve d’en finir une bonne fois pour toutes avec la géographie, d’un septuagénaire qui perd un boulon, d’une acheteuse compulsive bipolaire, de six perruches et d’un chat intermittent, tous unis dans un jeu de société à l’échelle planétaire dont personne ne connaît les règles.
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La mère va disparaître. Elle a déjà perdu ses mots, ses souvenirs s’effacent un à un, bientôt tout son corps l’abandonnera. D’ici là, ses paroles désordonnées font surgir en vous la mémoire d’époques oubliées. L’enfant que vous étiez, le quartier tel que vous l’avez connu et d’autres jeunesses aussi, la sienne, celle de ses parents. La mère est devenue votre enfant : il faut la mener à ses rendez-vous, la soigner, la déménager, signer les papiers qui accélèrent ou retardent sa perte. L’accompagner sur le seuil et continuer d’avancer.
Il ne s’agit pas ici de témoigner, mais de sublimer : transformer l’expérience en objet de beauté. Ne pas chercher à tout dire, ne rien expliquer ; montrer. Les visages changeants, les oiseaux par la fenêtre, les ongles trop longs, la crise, et vos élèves qui attendent des réponses alors que le monde vous échappe.
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Mélisse pourrait être un elfe joyeux, mais il y a en elle une marginale, une anticonformiste extralucide qui participe tout en résistant à une thérapie de groupe pour troubles de l’alimentation, prend ou pas ses médicaments, dort beaucoup pour fuir la / sa réalité, se gèle à différentes substances, se prive de bouffe et s’empiffre par la suite, cherche sa voie et la fuit en même temps. Mais c’est surtout une demoiselle-cactus, dont les épines se dressent au contact des autres. Au milieu de sa vingtaine, dans l’interstice du « quart de vie en crise », elle a connu quelques relations difficiles qui lui ont appris davantage sur les hommes que sur l’amour, et qui l’ont surtout fait se culpabiliser sans cesse, et dans des scénarios de plus en plus sophistiqués, de son état dysfonctionnel. À force de suivre ses intuitions et prémonitions – parfois apocalyptiques –, cette « experte en matière de vomissement » a commencé à douter de l’honnêteté de son amoureux actuel, plus âgé qu’elle, cet autre si gentil, si indifférent, si lisse, si désireux de la laisser dans son état de petite fille aux prises avec un corps de femme qui ne veut pas grandir. Avec l’aide d’un ancien ami de jeunesse devenu pirate informatique, elle mène une enquête : cet homme mystère, ne serait-il pas devenu secrètement pédophile à ses heures ?
Il y a d’abord Laurel, l’insatiable chercheur de Vérité, qui nous guide à travers ce roman d’aventures multiples et d’êtres intenses. Sous son stéthoscope, il y a son père Thomas, scénariste de renom à la dévastation bien camouflée, sa jeune tante Gaby, qui enseigne le français aux immigrants, sa grand-mère Françoise Bouchard, la matriarche de cette lignée de « pure-laine » venue de France pour se joindre à la Folle Entreprise, qui même morte continue de se manifester. Il y a bientôt Maya, l’ex-petite amie de Laurel, trop belle pour être fidèle, qui fréquente des artistes exaltés et vit dans un appartement hanté. Il y a Guillaume, prêtre sulpicien comme l’étaient les premiers prêtres de la colonie, qui se spécialise dans les exorcismes et avec qui on prend rendez-vous par téléphone cellulaire. Il y a l’Afghan Zahir Ramish, qui s’est réfugié dans l’église du prêtre sulpicien pour y mener une grève de la faim. Il y a Virginie Hébert, amie de Guillaume et néanmoins révoltée contre l’Église passéiste qu’elle sert depuis trente ans. Il y a Markus, le jeune juif qui a fui sa communauté, il y a sa mère qui le cherche dans Montréal, il y a Laila, la jeune musulmane apparemment menacée, et son père apparemment menaçant, qui se révèle un soufi empreint de douceur, il y a un Inuk itinérant, un Mohawk chaman… plein de visages de l’absolu parfois sous forme de désolation.
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Un jour, Albert Langlois explique à son fils Thomas en quoi il n’est pas comme les autres. Pour préserver l’équilibre précaire du monde, pour que s’accordent la révolution des planètes et le tic-tac atomique des horloges suisses, Thomas ne peut pas exister tous les ans. Quelque part dans une des salles secrètes de la Royal Society, ou dans les souterrains de la Rome des papes, on a décidé de son sort, plusieurs siècles auparavant.
Puis Albert disparaît. Il retourne dans le nord, avec son secret et ses carnets de notes contenant l’ensemble de ses recherches, et Thomas se met à grandir comme les autres, entouré des Appalaches et du quotidien des rues chaudes de Chattanooga, Tennessee.
Son corps aurait dû ralentir, mais les événements se sont précipités.
Roman des territoires éternels et des destinées fragiles, des tribus déportées et des guerres civiles ; légende d’une autre époque qui cherche à conquérir la nôtre et à la transcender, L’année la plus longue se nourrit autant de la magie du Benjamin Button de Fitzgerald que des fabulations historiques de Ferron. Daniel Grenier signe avec ce premier roman une grande épopée américaine traversant trois siècles, une histoire inoubliable de vies trop courtes et de vies sans fin.
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