Les yeux des autres

Ce recueil, composé d’une trentaine de nouvelles, se veut intimiste. Il débute par une réunion de famille qui se termine de façon tragique. Y sont aussi décrites des amours brisées, la tendresse que l’on porte à ses parents, celle aussi qu’on accorde aux enfants. Et puis, il y a l’amitié entre filles, faite de touchantes complicités.

Folle

Il y a trois ans, Putain avait traversé le ciel de la rentrée comme un météore aussi éblouissant qu’énigmatique. Il n’y avait pas que le physique de blonde hitchcockienne de sa (très) jeune auteur. Une forme littéraire remarquable déroutait et en même temps suscitait les questions sur la vérité autobiographique de ce texte absolument hors du commun. On se demanda si Putain n’était pas le genre de performance impossible à répéter, ou même une sorte de suicide littéraire. Aujourd’hui, Nelly Arcan revient (de loin). Il s’agit de raconter en détails les derniers temps d’une liaison amoureuse particulièrement catastrophique (et authentique, cela ne fait guère de doute). Le récit multiplie les variations rageuses sur le thème du : pourquoi ai-je fait cela ? Et, dans la tragédie de cet amour réciproquement destructeur, Nelly Arcan fait jeu égal avec son premier livre, avec son caractère absolu, la beauté d’un désespoir intransigeant.

Le retour d’Afrique

Dis quand reviendras-tu ? Dis au moins le sais-tu ? Bien sûr que tu le sais.
Tout comme moi. Puisque j’avais acheté mon billet d’avion.
Destination Le Caire. Coûteux billet que j’ai déchiré en mille morceaux, le soir de ma dernière virée. Tu ne me l’as pas pardonnée, celle-là.
Deux semaines plus tard, tu partais seul. Je n’ai pas protesté.
J’avais honte. Tellement honte que je n’ai pas osé inventer d’histoire pour me, faire rembourser le prix du billet. Je n’ai pas cherché non plus à m’en procurer un second. J’aurais pu dire que j’avais égaré le premier ou que je l’avais jeté par mégarde. Mais je voyais bien que tu étais soulagé que je ne sois pas du voyage. Au point d’accepter de jouer le jeu avec moi.

C’est ainsi que Charlotte n’accompagnera pas Julien dans le voyage en Afrique qu’ils avaient pourtant depuis longtemps planifié. Elle se réfugie plutôt dans une petite maison au bord d’une rivière, où personne, ni sa famille ni ses amis, qui la croient partie pour plusieurs mois, ne risque de la tirer de son isolement. Nous assistons à la descente aux enfers de Charlotte qui vit difficilement en l’absence de Julien. Son délire éthylique la conduit à imaginer le pire pour Julien – de qui elle n’a aucune nouvelle – et à se mettre elle-même dans des situations délicates.

Le pendu de Trempes

À 40 ans et sans avenir, Charles Wilson retourne sur les lieux de son enfance dans la petite localité de Trempes. Ainsi s’amorce pour lui un formidable retour en arrière où les secrets les mieux enfouis refont surface. Exhumer le passé n’est pas chose facile. Les souvenirs pourraient se trouver altérés du simple fait que les acteurs d’autrefois ne soient pas au rendez-vous. Qu’est-il advenu de Paul Faber et d’Anna Dickson, les amis d’enfance ? Et Joseph Lahaie, l’empailleur chez qui Charles trouve refuge, pourra-t-il percer le mystère vieux de 25 ans ?

Anna Pourquoi

Surgie de la nuit des temps et des flots homériques, baignée de lumière irréelle et fleurant le thym, les orangers et les amandiers, mais aussi cruellement exposée aux tempêtes et aux ténèbres, l’île grecque de Léros figure un monde déchiré par les forces inconciliables de la vie et de la mort. Sur l’île culmine le mont Apitiki, massif rocheux coiffé d’une forteresse byzantine reconvertie en monastère qui abrite quelques cellules, une chapelle et une icône miraculeuse chargée des ex-voto de l’humanité qui souffre à ses pieds.

Là-haut, perchées entre ciel et mer dans ce décor fantastique à l’échelle des dieux, la none Nicoletta et la novice Véroniki — celle-ci naïvement zélée ; celle-là revenue de tout — tâchent d’apprivoiser le silence, la noirceur et le vertige. Jusqu’au jour où survient le diacre Maximos, vagabond alcoolique et peintre d’icônes, qui apporte les tourments diaboliques du désir dans cet asile de Dieu cerné d’à-pics redoutables.

Dans ce roman noué de surprises et de malentendus où s’entrelacent trois destinées singulières, Pan Bouyoucas suggère habilement l’idée que les travers de l’être humain n’entachent en rien son honneur ni sa foi, car la difficulté d’être homme tient au fait que la loi de Dieu est spirituelle, mais que nous sommes des êtres charnels, vendus au péché. Néanmoins l’être profond de chacun gravite autour de l’idéal, le touche, puis le perd, le regagne, et l’égare encore, dans l’éternel tremblement de l’âme insaisissable vouée « aux oppositions irréductibles de la vie terrestre et du royaume des cieux », cet entre-deux où règnent des inclinations des plus humaines. « L’histoire sainte n’est pas qu’une célébration du martyre et de la mort », affirme Maximos, et le scandale n’est pas forcément l’ennemi de la bonté. L’extrême vitalité d’Anna Pourquoi évoque un rapport à Dieu et à la vie empreint de fièvre et de truculence, qui n’est peut-être pas sans connexions secrètes avec le paganisme hellénique.

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