Le Prix littéraire des collégien·ne·s est un honneur décerné chaque année par un jury formé d’étudiants et d’étudiantes provenant des différents cégeps du Québec. Les objectifs du Prix littéraire des collégien·ne·s sont les suivants :
Soutenu par la Fondation Marc Bourgie, un organisme à but non lucratif voué à l’éducation et aux valeurs humanistes, le Prix littéraire des collégien·ne·s est assorti de la bourse Bourgie-Lemieux d’une valeur de 5000$. Il constitue l’un des prix littéraires les plus importants au pays.
Le Prix littéraire des collégien·ne·s, qui est né de l’alliance de trois projets de lecture qui se sont déployés dans le réseau collégial à partir de l’an 2000, poursuit un double objectif : mieux faire connaître la littérature québécoise contemporaine et servir de lieu d’expression des goûts littéraires de la jeunesse étudiante.
Deux initiatives pédagogiques distinctes lancent l’aventure du Prix littéraire des collégien·ne·s. D’abord, dès l’automne 2000, celle du Cégep de Sherbrooke qui participe au 13e Prix Goncourt des lycéens. Il s’agit d’une première : jamais encore une institution d’Amérique du Nord n’avait pris part à ce projet de lecture qui emballe plus de 2000 lycéennes et lycéens de toutes les régions de la France. L’engouement de la communauté étudiante d’ici est si vif et les effets sur les plans de l’apprentissage et de la culture, si probants que la mise sur pied d’un projet similaire au Québec s’impose. Bruno Lemieux, professeur au Cégep de Sherbrooke et responsable de cette entreprise inédite, lance l’idée sur les ondes de Télé-Québec dans le cadre de l’émission Cent titres : « J’aimerais beaucoup que l’on crée ici un Prix littéraire des collégiens. Ça ferait en sorte de donner aux jeunes du Québec une voix qu’ils n’ont pas dans le paysage culturel. » [1]
En 2001-2002, cette idée française de convier les jeunes à sanctionner les œuvres de la rentrée littéraire inspire deux projets de lecture permettant à des étudiants et étudiantes de l’ordre collégial de se prononcer sur une sélection d’œuvres québécoises récentes. Professeure au Collège Montmorency, Francine D’Amour est l’instigatrice de l’une de ces activités qui bénéficie de la collaboration de l’hebdomadaire Voir, comporte un concours de critiques et culmine en une fête de la lecture. L’autre projet se déroule au Cégep de Sherbrooke et trouve un écho régional à travers la Première chaîne de Radio-Canada.
Alors chroniqueur à La Presse, Stanley Péan – qui deviendra porte-parole du prix quelques années plus tard – rend compte de cette genèse : « Sylvain Trudel pour son bref mais combien superbe roman Du mercure sous la langue […] recevait le prix Montmorency des cégépiens, décerné pour la première fois cette année par un jury d’étudiants du Collège Montmorency. Le hasard, qui n’existe pas, a voulu que les fondateurs de ce prix ne soient pas les seuls à adapter cette bonne idée, inspirée manifestement du fameux Goncourt des lycéens. À Sherbrooke, un autre jury de collégiens a remis ce printemps une distinction similaire à Andrée A. Michaud pour son envoûtant roman Le Ravissement. » [2]
En 2002-2003, compte tenu de l’intérêt soulevé dans le réseau collégial par les formules expérimentées l’année précédente, deux prix littéraires étudiants connaissent un développement indéniable, mais parallèle. Cependant, l’engagement de la Fondation Marc Bourgie constitue un point tournant dans cette aventure ; Claude Bourgie-Bovet, passionnée de lecture et directrice de cette fondation vouée à l’éducation, réunit une équipe de travail – formée entre autres de gens du Devoir, du Collège Jean-de-Brébeuf et du Cégep de Sherbrooke – qui donne ses assises logistiques et financières à un premier groupe d’une quinzaine de cégeps afin de constituer le Prix littéraire des cégépiens. On adopte alors la formule d’animation littéraire, la dynamique de vote et la trousse pédagogique développées à Sherbrooke. Durant la même période, l’initiative lavalloise connaît aussi une croissance importante : une dizaine d’institutions collégiales se regroupent autour du Collège Montmorency pour former le Prix littéraire intercollégial. Au printemps 2003, ce sont donc deux auteurs, soit Jacques Poulin et Stéphane Bourguignon, qui sont récompensés.
À l’été 2003, l’unification des deux prix ne fait plus de doute et leurs instigateurs se rencontrent afin de discuter des modalités de fusion. Partageant le même objectif et faisant le choix de mettre en commun leurs meilleurs éléments, les deux groupes se joignent pour former le Prix littéraire des collégiens, décerné l’année suivante à Contes butô (Boréal), d’Ook Chung. Au printemps 2004, la journaliste du Devoir Isabelle Porter résume bien la situation : « Inspiré du Goncourt des lycéens en France, le Prix littéraire des collégiens est né, cette année, de la fusion de deux concours de plus petite échelle organisés au Collège Montmorency et au Collège de Sherbrooke. […] Le Prix littéraire des collégiens est organisé conjointement par la Fondation Marc Bourgie, Le Devoir et des représentants du Cégep de Saint-Jérôme et des collèges Laflèche, Montmorency et de Sherbrooke. Ce projet a été rendu possible grâce au soutien de la Banque Nationale du Canada, du consulat général de France à Québec, des ministères québécois de l’Éducation et de la Culture, de Scabrini Média et du groupe CGI. » [3] Quelques années plus tard, la distinction est renommée le Prix littéraire des collégien·ne·s pour assurer la représentation de toute la communauté étudiante.
Depuis 2004, s’appuyant sur la double expertise initiale, l’imagination et le soutien de tous ceux qui ont participé à sa création, le Prix littéraire des collégien·ne·s a gagné toutes les régions du Québec où il contribue à la promotion de la lecture et à la valorisation de la culture. Grâce à la réponse enthousiaste de tout le monde – étudiants, professeurs, directions des collèges et des cégeps, partenaires et commanditaires – à ce projet culturel rassembleur, le plaisir de lire et les lettres québécoises gagnent de nouveaux adeptes.
Les faits parlent d’eux-mêmes : chaque année, les cinq œuvres narratives sélectionnées par un comité de critiques littéraires rassemblés par Le Devoir et soumises aux jurés sont lues par plus de 700 étudiants et étudiantes de plus de 40 établissements collégiaux du Québec. En moins de cinq ans, le Prix littéraire des collégien·ne·s a pris des proportions considérables et induit des effets spectaculaires. Et les retombées dépassent la seule portée académique : toute l’industrie du livre, maisons d’édition, librairies, autrices et auteurs mesurent les impacts de ce projet devenu indispensable. « Outre son côté festif, le Prix littéraire des collégiens a une réelle incidence sur les ventes de livres au Québec. C’est d’ailleurs ce que nous confirme Antoine Tanguay, l’éditeur de Nicolas Dickner qui a raflé le prix [en 2006] avec son livre Nikolski. « Des milliers de ventes de Nikolski sont directement liées au Prix littéraire des collégiens, confie le directeur des éditions Alto. Il faut dire qu’au départ, étant seulement finaliste, 650 copies sont envoyées aux nombreux membres du jury. Juste ça, c’est déjà le double de la moyenne des ventes de romans au Québec ! Mais Nikolski a aussi trouvé écho auprès des professeurs qui, voyant les débats qu’il générait auprès des élèves, ont décidé de le mettre au programme. » » [4]
En somme, le Prix littéraire des collégien·ne·s constitue désormais l’un des prix littéraires les plus importants et les plus convoités du Québec. Non seulement le Prix littéraire des collégien·ne·s joue-t-il un rôle majeur dans le réseau de l’enseignement collégial et sur le plan de l’institution littéraire, mais il contribue aussi au rayonnement de la culture québécoise, que ce soit par la tenue – grâce à la collaboration du Centre de recherche interuniversitaire sur la littérature et la culture québécoises (CRILCQ) et de l’Union des écrivaines et écrivains québécois (UNEQ) – de rencontres littéraires entre étudiants, étudiantes, auteurs et autrices dans les grandes librairies du Québec, par la publication dans Le Devoir des meilleures critiques étudiantes, par l’accueil chaque année de lycéennes et lycéens de France qui participent à la consécration de l’œuvre lauréate ou par le parrainage des étudiantes et étudiants d’ici qui participent à l’attribution du Prix Goncourt des lycéens en France. Ainsi, le Prix littéraire des collégien·ne·s est devenu, au fil du temps, le baromètre des goûts littéraires de la jeunesse étudiante du Québec.
L’avenir
En août 2019, le Prix littéraire des collégien·ne·s s’associe au Réseau intercollégial des activités socioculturelles du Québec (RIASQ) dans le cadre d’un projet pilote, en vue de se greffer, dès 2020, à la structure performante du RIASQ pour déployer ses activités et les développer.
Cette association du Prix avec le RIASQ est naturelle puisque tous deux encouragent la réussite éducative de la communauté étudiante collégiale ainsi que la promotion de la langue française. Alors que de multiples activités et projets associés au RIASQ mettent déjà l’accent sur la créativité, l’association avec le Prix littéraire des collégien·ne·s permet la découverte et la valorisation de la littérature québécoise, dans un cadre d’échanges stimulants qui favorise le développement de l’esprit d’analyse et du jugement critique.
À l’automne 2020, le RIASQ entame sa première édition à titre de producteur et d’organisateur du Prix littéraire des collégien·ne·s. Une édition qui a dû être repensée pour répondre au contexte particulier de la pandémie, la majorité des activités de débats s’étant faite par vidéoconférence. C’est aussi l’occasion de tester pour la première fois une nouvelle formule : les délibérations régionales. Une personne par cégep est invitée à prendre part à cette première étape de délibération. Ensuite, chaque sous-groupe régional désigne trois personnes pour les représenter lors de la délibération nationale.
[1] Tony Tremblay / Pierre-Antoine Guibord, « Le Goncourt des lycéens… à Sherbrooke ! », Cent titres, Télé-Québec, 3 novembre 2000.
[2] Stanley Péan « Ces prix qu’on court », La Presse, 19 mai 2002.
[3] Isabelle Porter, « Ook Chung remporte le Prix des collégiens », Le Devoir, 17 avril 2004.
[4] Jade Bérubé, « Quand les collégiens font le poids… et le prix ! », La Presse, 22 avril 2007.
Fondation Marc Bourgie
Professeurs
Conseillers
Équipe d’organisation du RIASQ
Depuis l’édition 2021-2022, la présélection est effectuée par le personnel enseignant la littérature dans les collèges participants. Chaque établissement a ainsi soumis trois ouvrages narratifs s’étant démarqués dans la dernière année. La liste préliminaire des 10 à 15 titres les plus populaires a ensuite été transmise au jury formé de sommités issues du milieu littéraire :
Lors de leur rencontre, les membres du comité confrontent leurs préférences en un débat convivial. Seul critère : identifier les livres qui sont, aux yeux du jury, les meilleurs. Mais comme toute appréciation littéraire et esthétique est subjective, c’est à force de discussions que les membres parviennent à un accord. Le processus de sélection des oeuvres ressemble donc au processus d’élection du lauréat du prix que vivront les collégiens : le débat, les arguments des membres du jury qui défendent une oeuvre ou qui cherchent à la miner, la façon dont les membres se rallient les uns aux autres influencent indubitablement le résultat.
Les titres des cinq œuvres ainsi choisies ont été révélés en novembre lors d’un lancement en direct sur les pages Facebook du Prix littéraire des collégien·ne·s et du RIASQ.